Que vous vouliez imprimer un album de photos de paysages, un livre de recettes illustré ou un recueil de créations artistiques, la reproduction des couleurs est, de loin, le sujet qui vous demandera le plus d’attention et de préparation durant votre projet.

Après vous avoir présenté dans des articles précédents les fondements de la colorimétrie, puis nos conseils pratiques pour bien préparer vos fichiers d’impression, nous abordons à présent la dernière étape du processus : l’impression des images sur le support papier.

Pour vous permettre d’atteindre le niveau de qualité auquel vous aspirez, vous devrez idéalement faire des tests d’impression chez vous et éventuellement chez votre imprimeur préféré, puis procéder à des ajustements pour améliorer le rendu, et enfin choisir le papier sur lequel vos images seront reproduites.

L’impression des images

Une fois vos images traitées grâce à votre écran adéquatement calibré, puis mises en page dans un logiciel professionel tel que Adobe InDesign, il est temps de vous atteler à leur donner vie sur du papier. Pour cela, nous vous recommandons de réaliser autant de tests que nécessaire, et de suivre les conseils que nous allons détailler dans les paragraphes ci-dessous.

Et si vous imprimiez vos tirages d’art à la maison ?

Une petite mise au point s’impose : nous parlons ici d’impression de tirages à l’unité sur une presse jet d’encre dont vous pourriez faire l’acquisition et non des presses CMJN de Rapido. Il ne s’agit pas ici de mettre sur le même plan votre presse jet d’encre avec nos presses de haute productivité : nous parlons en effet ici de procédés d’impression avec des gamuts différents et les comparer n’aurait donc pas de sens. Rapido imprime en quatre couleurs (CMJN), tandis que les presses jet d’encre pour les tirages d’art en utilisent 8 à 12.

Toutefois, si vous voulez mieux maîtriser votre flux de travail, il nous semble intéressant de vous encourager à imprimer vous même vos photos. Nous sommes persuadés qu’un photographe qui imprime régulièrement ses tirages disposera d’un meilleur niveau de compréhension des questions d’impression.

Quelle imprimante utiliser chez soi ?

Si vous n’avez pas d’imprimante à la maison et que vous envisagez de faire un investissement de ce type, nous vous déconseillons fortement les imprimantes laser. Ces équipements ne sont pas conçus pour imprimer des images de qualité. Ce sont des imprimantes de bureautique qui sont principalement conçues pour imprimer du texte. Les encres utilisées par ces imprimantes ne résistent pas plus de quelques semaines à la lumière du jour alors que, par exemple, Epson garantit, pour ses imprimantes jet d’encre, une résistance de cent ans des encres pigmentaires qu’il fournit.
Source : Epson
Les imprimantes à jet d’encre utilisées pour les tirages d’art utilisent huit ou même douze couleurs, ce qui permet d’élargir leur gamut. À noter que les imprimantes à huit cartouches produisent déjà des images assez nuancées, vous n’avez donc pas forcément besoin de douze couleurs.
Canon et Epson sont les deux marques qui font référence pour les tirages photo depuis plusieurs années. Si vous voulez choisir un modèle, il vous faudra faire une étude sérieuse dans laquelle vous intégrerez non seulement les questions de qualité de reproduction mais aussi celle des coûts. Si vous imprimez des dizaines d’images chaque mois, vous devrez y consacrer un certain budget.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture du blog d’Arnaud Frich : “Comment choisir son imprimante photo ?”.

Petite mise au point à propos du rendu des couleurs sur papier

Quand vous cherchez à reproduire des détails dans des zones très saturées, vous rencontrez deux limites qui sont liées d’une part à la profondeur des noirs, raison pour laquelle les imprimantes jet d’encre utilisent un voire deux gris en plus du noir, et d’autre part à la blancheur du papier. La saturation des pigments rentre également en ligne de compte et lorsqu’on imprime dans un processus quadri CMYK, on ne reproduit que 50 % des couleurs perceptibles par nos yeux. C’est particulièrement visible pour les oranges et violets saturés. Nous vous conseillons de vous informer auprès d’autres utilisateurs, car certaines imprimantes permettent de reproduire plus de nuances dans les couleurs sombres.

Une fonction Lightroom bien intéressante

Si vous utilisez le logiciel Lightroom, comme le font une bonne part des photographes, vous y trouverez la fonction d’épreuvage écran qui vous permettra de mieux visualiser le rendu final. Pour cela, sélectionnez le profil du couple imprimante-papier que vous allez utiliser. Dans le module « Développement », il vous suffit de cliquer en bas à gauche de l’écran sur la case « Epreuvage écran » ou de taper sur la touche S (raccourci clavier). Le fond de l’écran deviendra alors blanc. N’oubliez pas de cocher la case Simuler le papier et l’encre dans la fenêtre « Epreuvage écran » en haut à droite.

L’expérience de Simon

Comme mon rôle n’est pas de vous apprendre à utiliser Lightroom, je vous conseille d’investir dans une formation en ligne. Il en existe des dizaines. Personnellement, je l’utilise depuis dix ans et je ne compte plus les formations que j’ai suivies pour comprendre ses fonctionnalités. Elles sont si nombreuses et tellement riches qu’il n’y a pas un seul formateur capable d’en présenter tous les aspects. Je trouve qu’il est toujours intéressant de croiser les approches des différents formateurs pour en apprendre davantage.

Simon Dulac, président de Rapido Livres

Les papiers et leurs spécificités

Si les fichiers numériques de vos images ont retenu une grande partie de votre attention au cours de votre processus de publication, le papier constitue l’autre matière première essentielle de votre tirage d’art ou de votre futur livre. Il doit donc être choisi avec soin. Il permettra à votre oeuvre de ne pas souffrir de l’usure du temps.

Quel papier utiliser pour vos tirages d’art ?

Nous pourrions écrire plusieurs articles sur ce sujet tellement le choix est large. Il existe deux catégories principales de papier pour tirages d’art :

1) Les papiers couchés : ils permettent des rendus plus saturés. Leur gamut est donc plus large que les papiers non couchés. Ils peuvent présenter une couche différente : matte, satinée, perlée, irisée, ou brillante. Ces supports sont l’idéal pour des images à forte saturation.

2) Les papiers non couchés : il en existe plusieurs variétés. Le papier baryté reproduit l’aspect des anciens papiers photo au baryum. C’est un papier que les photographes apprécient beaucoup, en général car il offre de très beaux rendus, même si son gamut est plus étroit.

Mentionnons également le Rag : un papier à base de coton au lieu de la cellulose de bois. Il dispose en général d’une teinte assez chaude et sa surface est assez structurée.

Exemples de livres imprimés par Rapido

Quelle est la différence entre la main du papier et son grammage ?

Quand on parle de main, il s’agit en fait de l’épaisseur du papier. Plus la main est importante, plus le papier est rigide. Retenez qu’elle n’est pas forcément proportionnelle au poids du papier (grammage). C’est pour cette raison qu’un papier couché vous semblera toujours plus fin qu’un papier non couché à grammage équivalent. En édition, il existe, par exemple, des papiers offset avec une main supérieure à 2, ce qui signifie qu’un papier de 100 g aura une épaisseur équivalente à un 200 g.

Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à consulter notre article de blogue : “Les différents types de papiers”.

Pour vos tirages d’art, vous ne devriez jamais utiliser un grammage inférieur à 240 g. Nous vous recommandons même de ne jamais descendre sous les 300 g. Dans le système décimal, 300 g signifie qu’une feuille d’un mètre carré pèse 300 grammes.

Le grain : certains papiers (papyrus, velin) peuvent avoir de fortes structures, dont certaines se rapprochent d’une toile. Ce n’est pas forcément le type de papier que nous vous recommandons, mais après tout, cela dépend de vos goûts et du rendu que vous souhaitez.

Comment tester différents papiers

Pour vous aider à choisir, nous vous préconisons de vous procurer des échantillons de papier comme Hahnemühle ou Canson en proposent. Vous pourrez réaliser plusieurs tests à moindre coût, avant de faire votre choix.

Pour conduire vos tests, nous vous suggérons également de choisir quelques images assez différentes les unes des autres pour mieux vous rendre compte des rendus sur les différents types de papier : un portrait en noir et blanc, une image couleur très constrastée et un paysage avec une lumière douce, du type lever du jour. Vous pourrez ainsi choisir le ou les papiers avec lesquels vous travaillerez. Retenez bien que certains photographes n’utilisent qu’un seul type de papier : cela fait partie de leur choix artistique.
Dernier conseil pour vos tests d’impression : prenez le temps de regarder vos images pendant au moins deux jours d’affilée et dans des conditions de luminosité différentes, car vous ne percevrez pas forcément tous les détails d’un seul coup.

Source : BidunArt

Pour débuter, vous pourrez par exemple utiliser deux papiers Rag différents qui n’auront pas la même blancheur. Rien n’est mieux que de réaliser des tests, car tout est affaire de goût. Si vous avez déjà fait des tirages chez un imprimeur de qualité, vous pouvez également sélectionner des papiers à partir de son catalogue. Ce sera une bonne base de départ.

Source : BidunArt

Voici tout de même une suggestion pour débuter vos essais :

  • Un papier satiné 300 g pour les paysages ou la photo animalière ;
  • Un Rag mat 300 g pour les portraits en N&B.
Si vous voulez réaliser des panoramiques, il vous faudra choisir une imprimante qui accepte le papier en rouleau. Epson le propose pour la plupart de ses machines.

Lorsque l’image apparaîtra sur la feuille de papier, vous ressentirez une émotion comparable à celle que connaissent ceux qui pratiquent encore l’art de la photo argentique. Devenir son propre imprimeur, c’est la meilleure façon pour vous de progresser.

Avec quarante-cinq ans d’expérience dans la photographie et trente-huit années dans l’imprimerie, je n’ai jamais fait autant de progrès que le jour où j’ai commencé à imprimer mes photos chez moi.

Au point que cela a même changé la façon dont je photographie sur le terrain.

Simon Dulac
Président
de Rapido Livres
Simon Dulac
Président
de Rapido Livres

Imprimer votre livre avec Rapido

Si maintenant vous voulez plutôt imprimer un livre, un seul profil couleur suffira pour tous les papiers : le US web coated swop v2. Pourquoi n’utilisons-nous pas un profil par type de papier ? Parce que le gamut de nos presses quatre couleurs CMYK est plus restreint que celui des imprimantes conçues pour les tirages d’art et que le bénéfice de cette finesse n’est donc pas nécessaire dans ce cas.
En tout état de cause, vous pourrez nous demander la production d’une épreuve à un seul exemplaire. Ce tirage sera réalisé sur la même presse que le tirage final et avec le même papier. Vous pourrez, si nécessaire, réaliser des corrections dans votre fichier et même nous demander un test sur un autre papier. Ce processus pourra être reproduit plusieurs fois, si nécessaire et à moindre coût, jusqu’à ce que vous obteniez le résultat que vous souhaitez.

Guide d’impression

Votre projet amène des questions plus spécifiques que celles qui sont abordées dans cet article ?

Les réponses se trouvent sûrement dans le guide complet que nous avons rédigé pour vous épauler. N'hésitez pas à le consulter :

Fichier Joboptions

Vous souhaitez créer vos fichiers d'impression en partant avec tous les bons paramètres dès le début ?

Retrouvez les principales propriétés à respecter dans ce fichier JOBOPTIONS que nous avons spécialement préparé pour vous :

Conclusion

Vous disposez maintenant de tous les conseils nécessaires pour paramétrer votre chaîne de production de façon optimale et réaliser des impressions de qualité. Il n’y a pas de plus grand plaisir pour un photographe que de réaliser un livre ou un tirage d’art. Vos photos ne sont pas faites pour dormir dans vos disques durs.

Si nous pouvons encore vous donner un bon conseil, comme dans toute pratique, il est primordial d’acquérir des automatismes. Pour y parvenir, nous vous conseillons d’exercer votre art de façon régulière. La qualité comme la gymnastique demande à être cultivée le plus régulièrement possible.

Voici quelques exercices que nous vous suggérons pour progresser :

  • Tout d’abord, calibrez votre écran au minimum une fois par mois, il vous suffira de mettre un rappel dans votre agenda pour ne pas l’oublier ;
  • Si vous disposez d’une imprimante à la maison, nous vous conseillons d’imprimer au moins une fois par semaine afin de maintenir votre matériel en bon état de fonctionnement et d’aiguiser votre sens du détail au niveau le plus élevé ;
  • Formez-vous régulièrement avec des professeurs de haut niveau. Vous pouvez aujourd’hui accéder aux conseils des meilleurs pour quelques dizaines de dollars. C’est passionnant et c’est sans aucun doute la clé pour atteindre votre réel potentiel. L’auteur de ces lignes suit de 4 à 6 formations en ligne par an ;
  • Soyez ouverts aux critiques constructives lorsqu’elles émanent de photographes plus expérimentés que vous. C’est en jouant au tennis avec des joueurs mieux classés qu’on progresse le mieux. Pour cela, nous vous recommandons de vous inscrire à des clubs de photo ou bien rejoindre des groupes sur des plateformes en ligne. Et si votre première expérience ne vous donne pas vraiment satisfaction, ne vous découragez pas, cherchez un autre groupe. Vous finirez par trouver des personnes avec qui vous pourrez établir des relations de confiance et pourquoi pas élargir votre réseau d’amis.

Bonnes photos !

Le Bic, 2022 – © Simon Dulac