À l’heure où notre société s’enthousiasme autant qu’elle s’interroge face à l’apparition de l’intelligence artificielle (vouée, dit-on, à bouleverser bien des industries), une chose au moins semble ne souffir aucune contestation et nous permet encore de communiquer entre nous autant qu’avec les machines : l’écrit, qui occupe une place absolument centrale dans nos vies.

Comme nous l’avons présenté dans deux articles précédents, la typographie joue depuis longtemps un rôle essentiel dans le monde du livre, et a parfaitement su trouver sa place avec l’avènement de notre époque numérique.

Dans ce troisième article de notre série consacrée à ce sujet, nous vous proposons un exposé des principales notions et règles de composition typographique. En suivant ces grands principes, vous rendrez non seulement votre contenu plus agréable à lire, mais renforcerez aussi l’impact de votre message dans l’esprit de vos lecteurs.

Les 4 principes fondamentaux

Voici les grands principes qui doivent être respectés pour réaliser une bonne composition typographique :
1. La lecture s’effectue de la gauche vers la droite. Le réflexe de l’œil est de toujours de revenir à la marge de gauche sur laquelle toutes les lignes sont rigoureusement alignées.

2. Un texte est toujours composé dans une seule fonte (même caractère et même corps). Si vous souhaitez utiliser deux fontes, évitez d’utiliser des caractères qui se ressemblent trop.

3. Respectez les blancs de mise en page définis par la règle du nombre d’or. Dans un précédent article “Comment construire un gabarit de mise en page pour un livre”, nous avons insisté sur l’importance de ces blancs : ces marges indispensables à l’équilibre esthétique entre le noir du texte et le blanc du papier.

Laissez la page respirer et ne vous approchez jamais trop de son bord.

4. Le texte d’un livre est en général justifié, ou au pavé. Faites attention à la façon dont vous gérez les espaces, les espaces liés après une ponctuation qui sont toujours variables alors que pour d’autres, comme le point-virgule, le point d’interrogation et le point d’exclamation, ils sont fixes (on les appelle les espaces fines) et puis bien entendu l’interlettrage. Ce sont des règles complexes et leur mauvaise gestion produira des effets très inesthétiques. Pour les mêmes raisons, évitez les veuves et les orphelines.

La gestion des blancs dans le texte

La typographie est un art concret, sans abstraction. Il y règne une discipline de tous les instants, comme dans tous les ateliers où les lois de la mécanique s’appliquaient impitoyablement. Chaque écart se payait comptant. Une fois le livre imprimé et distribué, pas de retour en arrière possible. Une erreur dans un livre, ou pire encore, une trahison du Canon des ateliers vous valait les reproches de votre hiérarchie et parfois même, un courrier des lecteurs assassin. C’était l’école de la rigueur et de l’humilité. Rien n’y était jamais acquis. Le métier de la typographie est sans doute, à l’égal des arts comme la sculpture, un monde où l’à peu près n’existe pas.

Nous allons donc continuer à parler de ce sujet trop souvent oublié et pourtant si important : les blancs. Après les blancs de mise en page, nous allons à présent évoquer la question de la gestion des blancs à l’intérieur du pavé de texte, c’est-à-dire de l’interlignage, de l’interlettrage et des espaces.

L’interlignage

L’interlignage est l’opération qui consiste à définir ou modifier l’interligne (on dit un interligne), c’est-à-dire la distance entre les lignes. On la mesure toujours de pied de ligne à pied de ligne car toutes les lettres n’ont pas la même hauteur (l’œil) mais s’appuient toujours sur la ligne de base. On exprime la valeur en points (picas ou didots) et si l’on ajoute un ou deux points en plus, on appelle cet espace supplémentaire une interligne car c’était le nom donné à la lame de métal qu’on insérait entre les lignes de caractères. Depuis la photocomposition on peut avoir des interlignages inférieurs au corps du texte, ce qui était impossible à l’époque du plomb.

Source : bigblog

L’interlettrage

L’interlettrage est établie par le concepteur de la police de caractère, qui décide quel est l’espace horizontal entre deux lettres. On appelle “approche” l’addition de l’espace après une lettre avec l’espace avant la lettre suivante. Cette approche peut être augmentée en augmentant l’interlettrage ou réduite en rectifiant les approches, comme on peut le faire par exemple entre un A et un V. Cette deuxième possibilité n’a été introduite qu’à partir de l’époque de la photocomposition. Les logiciels comme Adobe InDesign comportent des tables d’approche, mais nous vous déconseillons, à moins que vous soyez un typographe chevronné, d’apporter des modifications au travail du concepteur de la police.

Source : Jolly Stone

CONTENU MANQUANT :

Les espaces

L’abréviation…
La lettre capitale…
Le trait d’union…
Les accents…
Les coupes…
La ponctuation…

Faut-il mélanger les styles ?

Les logiciels de mise en page modernes mettent à notre disposition des centaines de polices différentes et la tentation est parfois grande de les mélanger. Certains éditeurs se l’interdisent et n’utilisent qu’une seule police à l’intérieur d’un livre, mais il est possible de marier des polices assez différentes sous réserve de respecter ces quelques règles.

Règle #1 : Le corps du texte

N’utilisez pas plus de deux polices différentes dans le corps du texte faute de quoi ce sera la cacophonie garantie. Vous pouvez déjà utiliser toutes les ressources que la police que vous avez choisie vous offre avec pour certaines, pas moins de neuf graisses* différentes. Si vous y ajoutez l’italique vous disposerez de dix-huit possibilités, ce qui est bien plus qu’il n’en faut. N’en abusez pas trop, sinon vous risquez de lasser votre lecteur en lui présentant un document trop complexe.

*Graisse : épaisseur d’un trait ou d’un caractère. Il existe de nombreuses variantes allant de l’extra-fin au noir.

Si votre livre comporte des éléments différents, comme des tableaux, vous pourrez utiliser une graisse spécifique pour faciliter leur lecture. Pour un index, vous pouvez par exemple utiliser une version plus étroite, afin de réduire le nombre de pages, et pour une table des matières, une graisse légèrement plus élevée pour en faciliter la lecture.

Règle #2 : Le corps de texte

N’utilisez pas trop de corps différents (le corps désignant ici la taille de la fonte de caractères). Pour l’intérieur du livre, il vous faut un corps pour les titres de chapitres, un corps pour les titres courants et un seul corps pour le texte.

Règle #3 : Les polices

Si vous voulez marier des polices différentes mais que vous n’êtes pas sûr de vous, vous pouvez consulter des sites internet qui donnent des exemples, comme fontjoy.com ou typotheque.com. Vous verrez que c’est assez bien fait. Pour les plus aguerris, voici quelques idées :

  • Les polices s’accordent bien, en général, lorsque leur crénage* est similaire, que leurs proportions entre bas de casse et capitales est identique et que leur hauteur de capitale est la même. Pour vous en rendre compte, vérifiez si le x de chaque police a les mêmes dimensions. La lettre x est carrée dans à peu près toutes les polices, c’est donc un point de comparaison assez simple.
  • Créez du contraste en mariant une police serif avec une police sans serif est souvent plus facile que deux polices qui appartiennent à la même catégorie.
Source : Wiktionary
*Crénage : action de créner ; ajustement de l’approche, l’espace latéral, de deux caractères consécutifs. Le crénage consiste à agrandir ou à diminuer l’espace entre des paires de lettres spécifiques.
(Source : Wikipedia)

Règle #4 : La simplicité

Simplifiez vous la vie ! Plus vous ajoutez de polices et de graisses différentes, plus vous vous compliquez la tâche pour respecter votre charte graphique.

Règle #5 : L’inspiration

Regardez ce que font les autres. Quand on a besoin d’apprendre, il est bien normal d’exercer son œil en observant le travail que produisent les meilleurs graphistes.

Règle #6 : La cohérence

Établissez des règles et suivez-les d’un bout à l’autre du livre. La fonction de feuille de style d’Adobe InDesign est idéale pour cela.

Conclusion

CONTENU MANQUANT : à rédiger