La typographie est partout présente, aussi bien dans cet article, qu’au coin de votre rue, dans les messages qui s’affichent sur votre téléphone ou encore sur les emballages des produits de consommation, et bien entendu, dans vos livres préférés. Tous les messages que nous lisons utilisent les règles de l’art graphique : choix des caractères, de leur taille, de leur mise en page et de leur couleur.

Que ce soit pour améliorer la lisibilité, transmettre une émotion ou convaincre les consommateurs d’acheter un livre, la typographie est l’un des éléments les plus importants du livre, avec sa reliure, le design de sa couverture et le choix du papier.

Source : Wikipedia

En collaboration avec un homme renommé, le typographe montréalais Dwight Smith, nous allons vous présenter dans cet article ce qu’est la typographie et le rôle central qu’elle occupe dans le monde du livre.

À propos de Dwight Smith

Dwight Smith a commencé sa carrière en tant que technicien graphique en Paste Up, et en gérant une boutique de composition typographique à l’Université Concordia.

Intéressé par l’édition, il a lancé le magazine Xceteras en 1981-83, puis a ouvert son propre studio de composition, Zibra, en 1984.

C’est lors de discussions avec des propriétaires d’ateliers de composition à Montréal qu’il a rencontré le typographe et calligraphe Tony Lucas, réputé pour l’excellente qualité de son travail. Il a ainsi pleinement découvert le monde de la typographie et son studio de composition a progressivement atteint le même statut que celui de Lucas, Typecraft. Lucas et son équipe ont même fini par le rejoindre chez Zibra. Ensemble, leur studio a rapidement atteint un statut de renommée mondiale.

Dwight a accepté de contribuer au blogue de Rapido Livres pour partager avec vous sa passion de toujours.

Qu’est-ce que la typographie ?

Historiquement, la typographie est la technique d’impression mise au point par Gutenberg au XVème siècle, avec des caractères mobiles en plomb. C’est le relief des lettres qui s’imprime par pression sur la feuille de papier. Cela permet de produire le livre en série, alors que précédemment les copistes ne produisaient qu’un seul exemplaire à la fois.

La typographie, appelée aussi “typo”, désigne non seulement le procédé d’impression avec des caractères en plomb, mais également le procédé de la composition du texte. De nos jours, ce terme désigne plutôt l’art de dessiner des polices de caractère. Par extension, il désigne également le travail de mise en forme d’un texte par un graphiste.

Source : Pikist

La typographie, en tant que processus d’impression, a été supplantée par l’offset à partir de la fin des années 1960 et ne subsiste plus que pour des tirages artisanaux, la découpe, l’embossage et l’estampage. La typographie est un métier magnifique qui demande de la précision et de grandes connaissances techniques car ses règles sont particulièrement nombreuses et exigeantes.

L’importance de la typographie dans le monde du livre

Le livre est à l’origine de l’invention de l’imprimerie et donc de la typographie. Il a été le premier objet imprimé en série.

Si le papier de la couverture et de l’intérieur représentent la matière du livre, la typographie en est l’architecture. Osons le terme, elle est un peu l’âme du livre. Elle joue un rôle discret, mais essentiel, pour transmettre le message de celui qui l’a écrit, avec le plus d’élégance et d’efficacité possibles.

Le dessinateur de polices, jardinier des mots

La typographie est un métier d’artisans, d’anonymes passionnés et d’ouvriers modestes, qui vouent à la forme un culte, sans autre volonté que de servir le texte, comme un bon acteur le ferait dans une pièce de théâtre. Le grand typographe Jan Tschichold écrivait : “Pour la plupart des gens, une typographie parfaite n’offre pas d’attraits esthétiques particuliers […]. La conscience de servir anonymement et sans attendre de reconnaissance particulière, des œuvres de valeur et un petit nombre d’hommes optiquement réceptifs, est en général la seule récompense que reçoit le typographe pour son long apprentissage jamais achevé.

La forme est importante, mais elle ne doit jamais l’emporter sur le fond. Elle doit le valoriser, le soutenir et en faciliter la compréhension. C’est pour cette raison qu’il est si important pour un graphiste de respecter des règles, non pas servilement, comme le mode d’emploi d’une imprimante, mais avec la minutie d’un jardinier qui respecte les lois de la nature et n’intervient que quand il le faut.

Source : Quora

« L’alphabet représente selon moi les atomes de la communication : en assemblant des caractères d’une manière particulière sous une forme particulière, nous communiquons un message. La plus grande partie de ce que fait la typographie passe inaperçue pour le spectateur moyen, mais cela a néanmoins un effet profond sur la façon dont il comprend le message.

Si la typographie d’un livre est réussie, son rôle restera invisible. Le lecteur éprouvera le plaisir de lire sans savoir précisément pourquoi, grâce au choix de la bonne police, à l’espace occupé par le texte sur la page, à la longueur des lignes, au crénage, à l’interligne, et à la taille de la police. Tous ces facteurs créent ce que l’on appelle la couleur typographique de la page. Si c’est agréable, la lecture sera facile. Sinon, la plupart des lecteurs n’atteindront pas la dixième page et ne sauront pas pourquoi. Et aucune couverture ni aucun papier, même de très grande qualité, ne pourra compenser cet échec. »

Dwight Smith

Une règle de typographie universelle : l’espace (mot féminin)

Afin de vous démontrer toute la rigueur et le souci du détail que demande la typographie, nous vous présentons une de ses notions les plus anciennes et les plus courantes, puisqu’elle est mise en pratique dans tous les livres, quelle que soit leur langue : l’espace.

Une espace est un caractère muet qui permet d’insérer un intervalle vide dans le texte. On dit une espace. Lorsque le typographe utilise ce mot au masculin, il désigne le blanc autour d’une illustration ou bien entre deux paragraphes. Une espace ne sépare que les mots. NB : selon le code typographique, on ne met jamais d’espace avant le point, ni la virgule. On insère une espace fine d’une valeur inférieure à celle de l’espace, avant le point-virgule, le point d’exclamation et le point d’interrogation. Cette espace est appelée “fine” car elle est égale au quart du cadratin* et est également utilisée comme séparateur de milliers dans les nombres.

*cadratin : unité de mesure de la longueur des espaces. Elle est de la même taille que la police de caractère utilisée : ainsi, dans un texte en corps 11, la largeur du cadratin mesure 11 points. L’unité de référence que les typographes utilisent en pratique est plutôt le demi-cadratin, qui est égale à la largeur du chiffre 0.

L’inter-mot désigne l’espace entre les mots et possède, au minimum, une valeur d’un demi-cadratin qui correspond à la largeur d’un chiffre arabe. C’est une notion essentielle pour qui veut composer une mise en page. Il y a trois valeurs (optimale, minimale et maximale) définies par le créateur de la police pour ajuster la valeur des espaces entre les lettres afin de justifier le texte sur la largeur du pavé. Un bon logiciel de mise en page justifiera les lignes en ajustant les blancs inter-mots, puis, si c’est nécessaire, il ajoutera de l’interlettrage, c’est-à-dire de l’espace entre les lettres à l’intérieur des mots.

Code typographique et marche typographique

Le code typographique est un ouvrage collectif rédigé, en général, par un syndicat professionnel qui recense l’ensemble des règles typographiques que ce dernier souhaite se fixer. Une marche typographique est un code maison qui était, autrefois, propre à une imprimerie. Aujourd’hui, ce serait plutôt le cas d’une maison d’édition.

Vos règles typographiques pourront inspirer les autres, comme ce fut par exemple le cas de la maison d’édition Hachette dont la marche typographique a longtemps servi de référence à de nombreux éditeurs. Les éditeurs créent des collections au sein desquelles ils publient certains types de livres : romans, polars, nouvelles, essais, théâtre, poésie, etc. Chaque collection a sa propre identité qui se définit par le choix du format, du papier, du type de reliure et, bien entendu, la typographie. Cette dernière catégorie est sans doute celle qui donne l’identité la plus forte à la marque de cette collection. On connaît la collection blanche chez Gallimard. Citons également les éditeurs québécois Héliotrope, Del Busso et Le Quartanier qui font un travail soigné au niveau de la typographie.

Du côté anglophone, The Chicago Manual of Style était la marche de la maison The University of Chicago Press, puis est devenu l’ouvrage de référence pour de très nombreux éditeurs et correcteurs anglophones aux États-Unis.

Voici par exemple quelques questions auxquelles un code typographique répond :

  • Les sigles ont-ils besoin de points ?
  • Quand peut-on abréger Madame, Mademoiselle, Monsieur ?
  • Dans quelles circonstances doit-on utiliser les chiffres romains au lieu des chiffres arabes ou bien écrire les nombres en toutes lettres ?
  • Quand doit-on passer du romain à l’italique ?
  • À quoi servent les petites capitales ?
  • Comment présenter une bibliographie ?

Source : Wikipedia

Spécificités de la typographie en Amérique du Nord

« Je dirais que le Canada anglais a eu tendance à se conformer aux normes britanniques, car la plupart des premiers typographes étaient des expatriés d’Angleterre après la Seconde Guerre mondiale. D’où des classiques, comme Morison et Eric Gills, Beatrice Warde.

Après la révolution tranquille au Québec et la libération au sein de la communauté du design de l’influence canadienne-anglaise (britannique), le Québec a créé un langage qui lui était propre, exploratoire et décomplexé. À l’école de design de l’UQAM, à l’origine sous la direction de Frederik Metz puis d’Angela Grauerholtz, les élèves ont été incités à expérimenter, à briser les frontières, à déconstruire la typographie en son cœur. D’éminentes professeures telles que Judith Poirier, Lyne Lefebvre et Angela Grauerholtz ont inspiré une sorte de renaissance typographique. Je pense que l’esprit de la typographie québécoise était étroitement lié aux types de design émergents des Pays-Bas au cours des années 1990, eux-mêmes influencés par le mouvement de déconstruction français qui fit atteindre à l’exploration typographique des sommets de frénésie. Cela influença aussi l’école de design de Londres avec des créateurs de caractères comme Neville Brody qui embrasa à son tour Toronto et les créateurs de caractères canadien-anglais.

Le cas des États-Unis est très différent. De nombreux esprits anticonformistes ont pu s’y exprimer et certaines des typographies les plus audacieuses ont émergé sur la côte ouest avec des gens comme Suzanna Licko et David Carson. »

Dwight Smith

Les grands typographes

Tout comme la peinture ou la musique, la typographie est une discipline artistique qui s’est façonnée avec le temps, grâce au travail de certaines figures emblématiques. Ils en ont édicté les grandes règles avec précision.

La liste complète des typographes les plus influents depuis l’apparition de la typographie au XVIème siècle mériterait un article à elle seule. Nous avons plutôt choisi de vous présenter dans la liste ci-dessous quelques-uns des plus grands typographes du XXe siècle, qui ont chacun à leur manière fait vivre et évoluer le dessin des lettres, toujours inspirés par les travaux des grands fondeurs du passé.

Stanley Morison (1889-1967), créateur de la célèbre police de caractère Times New Roman, qui fut utilisée pour la première fois en 1932 par le journal The Times, pour lequel Morison était conseiller typographique. Cette police est un hommage à la police Roman, développée vers 1470 par Nicolas Jenson à Venise, dont le but était d’optimiser la lisibilité des caractères tout en minimisant la quantité d’encre nécessaire pour les imprimer, car elle était très dispendieuse à l’époque. Times New Roman a été utilisée comme police par défaut par le logiciel Microsoft Word pendant une quinzaine d’années.

Jan Tschichold (1902-1974), principal théoricien de la Nouvelle Typographie, à laquelle il consacra un livre en 1928. Il créa également de nombreux caractères et contribua durant la seconde partie de sa vie à une approche traditionaliste de la typographie, spécifiquement dédiée au livre et à l’art de la mise en page.

L’espace blanche doit être considérée comme un élément actif, pas un arrière-plan passif.

Herb-Lubalin (1918-1981), grand dessinateur de caractères, fut le père de l’Avant-Garde. Cette police eut son heure de gloire dans les années 1970 et 1980. Il créa en 1970 la célèbre compagnie ITC (International Typeface Corporation) qui fut la première fonderie de caractères nord-américaine à se consacrer uniquement au design, à l’époque même où la photocomposition faisait son apparition pour supplanter la composition typographique.

On peut créer une bonne publicité sans une bonne typographie, mais on ne peut pas créer une publicité fantastique sans une bonne typographie.

Hermann Zapf (1918-2015), créateur du Palatino et de l’Optima, il travailla notamment à partir des années 1960 à l’introduction de la typographie dans les programmes informatiques. Ses idées considérées comme trop radicales furent dénigrées en Allemagne, mais c’est en partie grâce à ses concepts que l’on doit la justification automatique des textes, une innovation dont Adobe fit par la suite l’acquisition pour l’intégrer à son logiciel de mise en page InDesign.

La typographie est une architecture à deux dimensions fondée sur l’expérience et l’imagination, et soumise à une échelle de tailles et à un souci de lisibilité.

Rigueur des formes et lisibilité sont les préoccupations des dessinateurs de caractères. Même si l’offre actuelle est immense, les bons graphistes utilisent en général assez peu de polices différentes. Le grand designer Massimo Vignelli déclarait même : “Il n’existe pas plus d’une dizaine de typographies réellement efficaces, et je suis généreux. Je n’en ai d’ailleurs jamais utilisé plus de trois ou quatre de toute ma vie…”.

« Il y a tellement de créateurs de caractères merveilleux. Je pense à Claude Garamond qui, aux débuts de l’imprimerie, a créé une police qui a en quelque sorte normalisé la forme de l’alphabet romain qui perdure encore aujourd’hui. Garamond, dans ses nombreuses réincarnations, continue d’être l’une des polices les plus lisibles aujourd’hui.

Le créateur de caractères suisse Adrian Frutiger a apporté de la beauté aux polices sans serif et a eu un impact sur la conception de polices dans plusieurs alphabets non latins, tels que le russe, l’arabe, le japonais et l’hébreu.

Eric Spiekermann qui, avec esprit et audace, s’est efforcé de libérer les Allemands de l’Helvetica, a créé certaines des premières polices de caractères spécifiquement destinées à diverses applications de la technologie numérique. De plus, il a été le premier, avec l’un des typographes canadiens les plus éminents, Ed Cleary, un Britannique résidant à Toronto, à créer un point de vente au détail, The Font Shop, pour distribuer des polices numériques et encourager une révolution du design au cours des années 1990.

Au Canada, nous avons Carl Dair qui, en 1967, a créé la première police de caractères typiquement canadienne : Cartier. Il est diplômé de l’école de design ici à Montréal. La police sera plus tard convertie en caractères numériques par un grand typographe canadien Rod MacDonald, un bon ami à moi et un ami et partenaire d’Ed Cleary.

Source : Wikipedia

Je pense aussi à Carol Twombly qui a assumé le poste de directeur de type chez Adobe après Sumner Stone, qui ont tous deux établi des normes élevées pour les polices numériques.

Citons aussi Jonathan Hoefler, dont la police Hoefler Text était l’une des plus belles polices serif créées au cours des 50 dernières années. J’utilise souvent cette police.

Et enfin (bien que j’en ai omis beaucoup) Matthew Carter, un véritable homme de la renaissance en matière de conception typographique. Pendant quelques années, j’ai eu l’honneur de côtoyer la plupart des principaux typographes du monde, de Zapf et Frutiger à Spiekermann et Carter. Carter est le seul designer que je connaisse qui a commencé sa carrière en découpant des polices métalliques et a survécu à toutes les transitions technologiques. Il est considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus grands créateurs de caractères de la planète. Il a singulièrement défini la bibliothèque de polices Microsoft. Qui n’a pas utilisé Verdana? C’est un typographe charmant, vif d’esprit et érudit. »

Dwight Smith

La typographie du livre à l’heure actuelle

Le rôle de la typographie n’a pas tellement changé au cours des cinq siècles qui nous séparent de l’invention de l’imprimerie : sa fonction principale a toujours été de servir la lisibilité des textes écrits.

La typographie comporte un nombre de règles important : trois cents, selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (France). Ces règles évoluent et ce code typographique est mis à jour chaque année. Vous pouvez vous le procurer chez votre libraire préféré. C’est une mine d’informations. Nous vous le recommandons vivement. Si vous poussez un peu plus loin vos recherches, vous vous rendrez compte que les codes typographiques ne sont pas toujours d’accord entre eux. Tout le monde n’évolue pas à la même allure et chaque communauté culturelle a ses propres codes qui définissent son identité. Lorsque vous choisissez une typo, vous affirmez votre identité. Quand vous appliquez des règles, vous montrez votre exigence esthétique. Vos choix indiquent ce qui compte pour vous. Nous vous recommandons donc de construire progressivement votre propre marche typographique.

Exemple de composition typographique

« Dans les années 1990, notre studio a été amené à travailler avec Bell Canada et Sumner Stone (le premier directeur de typographie chez Adobe) sur la police Stone, qui avait été conçue avec de nombreux défauts à l’origine.

Notre mandat consistait à repenser cette police afin qu’elle puisse être utilisée sur toutes les plateformes et tous les domaines. Cela représentait un beau défi, car à l’époque très peu de polices étaient fonctionnelles à la fois sur Mac OS et Windows. En collaboration avec une équipe d’ingénierie de polices à Boston, The Font Bureau et David et Sam Berlow, nous avons mené des tests sur tous les navigateurs Internet disponibles à l’époque, le principal étant alors Netscape, puisque Google n’est apparu que quelques années plus tard.

Cette nouvelle version de Stone, appelée Bell Stone, est devenue la police standard de Bell pendant la décennie suivante.

Quelques années plus tard, la technologie Open Type a commencé à émerger, pour répondre exactement à ce genre de problématiques. Nous avions donc été des pionniers sur le sujet. »

Dwight Smith

L’évolution la plus notable de ces dernières décennies est d’ordre technique : la technologie qui entoure désormais la composition typographique a indéniablement changé la façon dont les typographes pratiquent leur métier. En raison de l’avènement de la composition numérique et de la libération par Apple des moyens traditionnels de composition, de nombreuses collaborations antérieures ont ainsi cessé ou ont été redéfinies entre les studios de typographie et les maisons d’édition.

« Personnellement, je pense que la transition vers la composition numérique a été pour le mieux en termes de qualité typographique globale. Désormais, les designers talentueux ont des outils de qualité entre leurs mains. Cependant, en ce qui concerne l’expertise typographique, cela dépend de qui se trouve être en charge de la production et de son sens typographique particulier.

En matière de conception des couvertures de livre, il y a une tendance grandissante à se tourner vers des designers qui possèdent un sens raffiné et une connaissance avancée de la conception typographique. En revanche, pour ce qui est de la conception des intérieurs, la relation avec des typographes qualifiés est, j’imagine, largement influencée par des considérations liées au budget et par le hasard. »

Dwight Smith

Conclusion

On peut déterminer trois objectifs essentiels pour le choix d’une typographie : son rôle essentiel est de faciliter la lisibilité, le second est de transmettre une esthétique ou même une émotion qui mettra en valeur le contenu, sans jamais l’alourdir, le troisième, enfin est de créer un environnement graphique associé à l’identité de l’éditeur.

Si au temps du plomb la typographie était l’apanage des maîtres imprimeurs, avec la montée en puissance de la promotion et des logiciels comme ceux d’Adobe, elle est devenue l’art des publicitaires. C’est également un outil remarquable pour les services de marketing. On peut affirmer que cette tendance s’est traduite par un retour en force du goût pour la forme. Chaque marque possède sa propre charte graphique et s’y conforme avec rigueur. Elle transmet au consommateur une idée d’exclusivité. Elle fixe des repères qui permettent à chaque lecteur d’identifier au premier coup d’oeil qui lui parle et l’introduit dans un univers esthétique où il trouve ses marques.

Si la typographie se transforme sous la pression du marketing, elle évolue également avec la technologie. Les logiciels de mise en page donnent un accès beaucoup plus aisé à de nombreux outils de composition sophistiqués, ce dont on ne peut que se féliciter. Encore faut-il que les utilisateurs disposent de la formation adéquate et utilisent le temps que la technique leur fait gagner pour se consacrer au perfectionnement de leur art, plutôt que de se contenter d’accumuler des gains de productivité. C’est parfois ce qu’on remarque malheureusement, comme le note Dwight Smith, pour la composition de l’intérieur des livres, qui peut laisser à désirer. La typographie c’est un peu comme le solfège : ce n’est pas parce que vous savez aligner des notes sur une partition que vous ferez de la bonne musique.

Cet article est le premier d’une longue série consacrée à la typographie, dans laquelle vous découvrirez progressivement son histoire, ses grandes figures, les polices de caractères les plus importantes et les principales règles du code typographique.